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Intervenir contre les expulsions à l’aéroport

En France, cette pratique d’intervention à l’aéroport existent, plus ou moins systématique, depuis 1998 et s’est propagée au cours des trois dernières années. La plupart du temps, l’expulsion se fait par avion. Les expulsions par train, voiture de police, ou bateau, courantes pour les algériens et marocains, sont plus difficiles à empêcher que ce soit pour les retenus ou pour leurs amis à l’extérieur.

Si vous voulez résister à l’expulsion, il faut prévenir votre entourage ou le collectif à l’extérieur, et, si vous avez la date, la leur communiquer au plus vite. A ce moment là, le rapport de force peut jouer pour empêcher l’expulsion : parler aux passagers, faire pression sur la compagnie aérienne. Aujourd’hui, des sans-papiers échappent à leur embarquement et sont parfois même libérés. Il arrive que des passagers refusent de voyager en présence d’un expulsé. Ce qui peut entraîner la décision du commandant de bord de débarquer le sanspapier. En 2006 et 2007, les mobilisations de lycéens et de RESF ont rassemblé des centaines de personnes qui se sont rendues à l’aéroport et qui ont réussi à empêcher des expulsions. En juillet 2009, plusieurs expulsions ont été empêchées avec l’intervention de seulement 5-6 personnes à l’aéroport.

Attention, rien ne sert de montrer aux seuls flics qu’on ne veut pas être expulsé, si ce n’est à prendre des coups prématurément. Mieux vaut réserver ses forces pour le moment où il y aura d’autres témoins que les policiers, c’est-à-dire les passagers, cela pourrait les inciter à réagir. Le plus souvent, le sans-papier est amené dans l’avion avant les autres passagers.

Il est préférable de rendre visible son refus de l’expulsion et de le manifester de façon bruyante. Mais bien souvent les flics essaient d’empêcher le sans-papier de parler. Chaque personne qui refuse d’embarquer doit s’attendre à subir des violences. Attendre le dernier moment pour résister peut permettre que ces violences soient « amoindries » par les témoins potentiels. De plus, si les flics s’attendent à ce que l’expulsion soit perturbée à l’aéroport, ils peuvent décider de renvoyer la personne par bateau ou par train. Il faut également être bien attentif à n’accepter aucune nourriture ni boisson le jour de l’expulsion (si vous connaissez la date) : il n’est pas rare que l’administration du centre de rétention y mélange des calmants ou somnifères qui suppriment toute volonté et donc toute possibilité de s’opposer à l’expulsion.

La première difficulté est de savoir par quel avion le sans-papier sera expulsé. Théoriquement, les retenus doivent être informés à l’avance de quand et comment ils partiront. Dans certains centres de rétention, il est possible de connaître la date et l’heure de l’expulsion par un système d’affichage. Il faut appeler régulièrement le sans-papier au centre de rétention pour lui demander s’il connaît la date et lui dire de prévenir si il est informé de quelque chose.

Mais, dans la pratique, quand l’administration estime qu’il y a risque de refus d’embarquement et/ou de mobilisation extérieure, le retenu n’est soit pas averti, soit on lui donne de fausses informations.

Attention, l’administration peut expulser le dernier jour de la rétention. Il faut rester vigilant jusqu’à la fin. Si la rétention se finit à 14h, on peut même être extrait du centre à 13h et expulsé à 16h. C’est tout à fait légal à partir du moment où on a été sorti du centre avant l’heure de fin de rétention. Le retenu peut donner à ses co-retenus les numéros de téléphone de ses amis ou de sa famille à l’extérieur, en leur demandant de les avertir immédiatement si les flics viennent le chercher pour l’emmener à l’aéroport.

Une fois la date de l’expulsion connue, il faut trouver le plus rapidement possible par quel vol et de quel aéroport le sans-papier va être expulsé. Sur la région parisienne, le guide ADP des horaires d’avion (http://www.adp.fr/) permet en général de trouver ces informations. Attention, pour Roissy, il faut bien connaître le terminal. On peut aussi chercher sur les sites comme « expedia » ou « opodo », bien pratiques quand les vols ne sont pas directs de Roissy et se font avec escale via un autre pays d’Europe. Dès qu’on connaît le lieu et l’heure de départ de l’avion, il faut aller à l’aéroport. Même à 3 l’intervention peut être efficace.

Il vaut mieux être sur place 3 heures avant le départ pour parler au maximum de passagers dans la file d’attente d’enregistrement des bagages. Mais, même une demie heure avant le vol, on peut trouver des retardataires. Il est important de discuter avec chacun des passagers pour leur expliquer la situation, et leur dire de refuser de voyager avec un expulsé. Expliquer que le commandant de bord a tout pouvoir et peut décider de ne pas décoller avec une personne expulsée dans l’avion. En effet, le pilote est le seul maître à bord. Les passagers peuvent simplement montrer leur refus en restant debout. Cela fonctionne d’autant mieux si c’est un mouvement collectif. Ils peuvent aussi s’adresser aux hôtesses, aux stewards, au commandant de bord pour leur expliquer qu’ils refusent de voyager dans ces conditions.

Il faut préciser aux passagers que généralement des flics vont monter dans l’avion pour les intimider et les convaincre de fermer leur gueule. Leur rappeler d’éviter tout contact verbal avec les policiers. Ce ne sont pas eux qui décident du débarquement et cela peut donner un prétexte d’inculpation (le fameux « outrage et rébellion »). Il vaut mieux ne s’adresser qu’au personnel de l’avion. Les expulsés sont souvent placés au fond de l’avion derrière un rideau, entravés, parfois même bâillonnés. Si les passagers veulent réagir collectivement, les encourager à rester en bas de la passerelle d’embarquement jusqu’à ce que le retenu soit descendu. Le refus de monter dans l’avion a plus de chances d’aboutir s’il est massif. Il peut être utile d’échanger des contacts avec les personnes que l’on sent prêtes à intervenir dans l’avion. Cela permet de savoir ce qu’il se passe dans l’avion. Si la personne sans-papiers est poursuivie (par exemple pour refus d’embarquement), les témoignages des passagers peuvent servir. C’est important savoir que quand des passagers s’interposent ou manifestent leur désaccord, ils risquent d’être débarqués de l’avion, mis en garde à vue et assignés en justice pour « entrave à la circulation d’un aéronef ». Il est préférable de ne pas le cacher aux passagers, tout en leur précisant que jusqu’à maintenant les passagers qui étaient entourés s’en sont plutôt bien sortis, avec au pire des amendes.

Les contacts échangés (téléphone ou mail) permettront en cas de problèmes ultérieurs, d’organiser un soutien et de préparer une défense avec les témoignages des autres passagers. Prendre contact avec le personnel au comptoir (accueil) de la compagnie du vol et demander à voir le chef d’escale (responsable de l’organisation du vol à l’aéroport) permet d’informer directement le commandant de bord de votre présence et du fait que le vol risque d’être perturbé.

Tenter de joindre les syndicats de l’aéroport (insister, les harceler par téléphone ou fax) et leur demander de faire eux aussi pression. A Orly, la CGT avait su se montrer efficace en menaçant de ne pas approcher la passerelle de l’avion, de ne pas faire le plein, de ne pas nettoyer, de ne pas réapprovisionner en nourriture ni monter les bagages dans les soutes.

Source: « Sans papier: s’organiser contre l’expulsion » on le peut télécharger de Infokiosques, http://infokiosques.net/spip.php?article537

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